Les adjectifs, les glaces et les plus grands défis: réflexions sur le processus

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Les adjectifs, les glaces et les plus grands défis: réflexions sur le processus

Cinq danseuses et chorégraphe Sasha Amaya réfléchissent ensemble sur leur processus.


Q#1: Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans ce processus?

Marion Jousseaume: La façon dont on peut trouver du lien là où il n’y en a pas forcément à première vue.

Théo Le Bruman: Ce qui m’a le plus surpris était de voir comment le processus (tout le travail de méthode dont tu nous a parlé en début de session, les exercices et les questions très concrets, qui me paraissaient étranges au début, et un peu trop rationnels et terre-à-terre) a mené à quelque chose d’abstrait, d’intuitif et de poétique.

Pierre Lison: La profusion d’information dans les sessions m’a surpris dès les premiers temps. Dans le studio, tout était très mouvant, on passait d’une chose à l’autre sans trop de raison apparente au départ, à croire que l’on cherchait l’irrationnel.

Emilia Saavedra:  C’était beau de voir comment tu as trouvé un moyen de mettre des choses qui, à première vue, ne sont pas vraiment liées. J’ai eu la liberté d’explorer sans me sentir perdue.

Delphine Mothes: Ce qui m’a le plus surprise: au début du processus, le rythme des sessions de travail: parler/ danser / réfléchir / faire des associations d’idées, de gestes/ créer des relations pour construire de la matière à penser et à danser. Je retiens également le partage de tes réflexions méthodologiques sur le processus de création.

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Q#2: Quel a été votre plus grand défi?

Marion Jousseaume: English! Il était parfois difficile de ne pas trop intellectualiser, de se laisser guider sans être trop exigent avec soi-même afin de trouver une énergie et de laisser place à l’instantané.

Delphine Mothes: Le plus challenging: m’investir réellement physiquement dans la forme que nous avons présentée.

Pierre Lison: Laisser aller l’exigence personnelle pour rentrer plus spontanément dans la proposition quitte à en perde un peu certaines qualités.

Emilia Saavedra: Pour être concret: le rembobinage est difficile et je sais que j’ai besoin de plus de temps pour être précise. C’est une qualité intéressante qui demande beaucoup de travail.

Théo Le Bruman: Ce qui a été à la fois difficile, stimulant, et touchant, a été de dépasser les aspects concrets et mathématiques de la méthode pour être capable de les utiliser comme de réels outils poétiques, pour pouvoir ouvrir des portes, créer des connexions entre des concepts, des idées, des pensées, des objets, des principes, des matières, etc, qui au demeurant n’ont aucun lien, un peu comme si l’on se demandait comment les mathématiques/sciences peuvent être liées à la philosophie/poésie. 

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Q#3: Quels sont les trois adjectifs que vous utiliseriez pour décrire votre danse dans cette pièce?

Marion Jousseaume: Profond, précis, et vibrant.

Delphine Mothes: Rréfléchie, versatile, sensible.

Emilia Saavedra: Éthéré, mélangé, turquoise.

Théo Le Bruman: Onctueuse, en spirale, et contrôlée.

Pierre Lison: Opulent, intime, réalisme positive.

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Q#4: Qu’elle est la chose la plus amusante qui s’est produite pendant le processus?

Marion Jousseaume: Le contraste entre l’énergie “karaté” et les moments doux et subtiles était assez drôle

Delphine Mothes: Un moment drôle: beaucoup, il y a eu beaucoup de rires. Évidemment, je me souviens de PASTAPASTAPASTA et des gestes de salles de sport que nous faisions avec la parole.

Pierre Lison: Le fameux PAST PAST PASTA.

Emilia Saavedra: Le nez sur le toit.

Théo Le Bruman: Le moment où tu as choisi de changer la fin (quand je finis lentement dans cette position sexy-bizarre) a été un des moments les plus drôles de ce travail, et je trouve qu’il résume bien l’atmosphère des trois semaines : étrange et drôle à la fois, quand nous n’étions pas déprimés par les questions existentielles que tu nous posais.

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Q#5: Si cette pièce était une glace, quelle serait sa saveur?

Marion Jousseaume: Nougat.

Emilia Saavedra: Pistache.

Théo Le Bruman: Elle serait à la menthe – un goût à la fois drôle et déprimant.

Pierre Lison: Vanille, coulis de caramel au beurre salé, noix de pécan et copeau de chocolat.

Delphine Mothes: Un sorbet au pamplemousse.

Sasha Amaya: Réglisse bleue!

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Marion Jousseaume débute la danse au conservatoire de la Roche sur Yon (Vendée) avant de poursuivre sa formation professionnelle au centre national de danse contemporaine d’Angers. Après l’obtention du DNSPD en 2018, elle participe à l’expérience des Talents Adami Danse dans le projet La Fugue en Question, elle y est interprète pour Pierre Rigal et Béatrice Massin. Depuis Février 2019, Marion travaille avec la Cie IN CØRPUS.

Pierre Lison est né en région parisienne, il intègre le CNSMDP à 15 ans où il se forme avec des professeurs tels que Edmond Russo, Nathalie Pubellier, Rita Quaglia et Cheryl Therrien. Il y suit également plusieurs travaux de répertoire de la danse contemporaine avec Rainer Behr, Julien Monty, Lauren Bolze et Sandra Savin. Il s’initie aussi à différentes techniques d’improvisation avec Julyen Hamilton et Thomas Hauert notamment et le contact-improvisation avec Anne-Catherine Nicoladzé. En parallèle du conservatoire, il complète sa formation d’interprète avec le programme Dialogue de la fondation Royaumont en 2018 où il a l’occasion de travailler avec les chorégraphes Henrique Furtado et Marinette Dozeville. Dans l’envie de développer une écriture chorégraphique personnelle, il participe a de nombreux projets, notamment avec des compositeurs tels que Alexandre Singier en écriture au CNSMDL et Mathieu Corajod, compositeur à l’IRCAM. Depuis peu, il a intégré la nouvelle création d’Hervé Robbe « Danse de 6 ».

Delphine Mothes débute sa formation en danse classique et contemporaine à l’école de ballet Lipszyc à Biarritz à l’âge de six ans. Après avoir validé une Licence d’Histoire (Toulouse-Paris) et une Licence de Danse (Paris) elle se forme professionnellement à la danse contemporaine à la Salzburg Experimental Academy of Dance (Autriche – 2014-2016) et à la Place de la Danse – CDCN Toulouse- Occitanie (2016-2018). A l’automne 2018, elle est interprète pour Dadazdo Cie – Laurence Katz (Toulouse). Depuis 2019, elle travaille avec La Cie Juste Ici – Audrey Gary (Toulouse). Elle crée également PHAENOMENON, une compagnie dont le premier projet, LES AUTRES est actuellement en cours de création.

Emilia Saavedra Paeile est née au sud du Chili, cultivant depuis toute jeune un désir de recherche physique, elle a pratiqué l’athlétisme à haut niveau avant de se tourner vers le yoga (Iyengar) et le cirque, plus particulièrement la voltige. Arrivée en France en 2015, elle a trouvé dans la danse l’endroit idéal pour rassembler toutes ses aspirations et satisfaire cette curiosité qui l’anime depuis toujours. Elle s’est formée comme interprète à Coline où elle a pu côtoyer des créateurs comme Shlomi Tuizer, Thomas Lebrun, Georges Appaix, Alban Richard, etc. Depuis la fin de ces études, elle collabore avec différents compagnies, telles que; Cie M&F, Vanhulle Dance Theatre et Arno Schuitemaker, en cherchant toujours à garder vivant son appétit pour le mouvement.


Images par Ariane Fréjean.
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